Traduction de l’arabe vers le français
En 2018, l’offensive turque sur Afrine a débuté sur fond de lectures de la “Sourate al-Fat’h” dans plus de 90 000 mosquées, sur ordre de la (Présidence des affaires religieuses). Cette mise en scène visait à présenter la guerre comme une lutte contre les “infidèles et les athées“. Cette rhétorique, propagée par les services de renseignement turcs auprès des milices syriennes pro-Ankara, a servi à justifier le pillage, les massacres et les atrocités commis contre les civils d’Afrine, leurs biens et leurs terres, considérés comme des “butins de guerre”. Nourrie par des décennies de discours chauvins du régime baa’ssiste, l’accusation de “mécréance” envers les Kurdes continue d’être instrumentalisée par les milices pro-turques et leurs soutiens. Les agressions, les exactions et les crimes contre les Kurdes d’Afrine se poursuivent, tandis que l’alliance syro-frères musulmane, par ses relais médiatiques, ses responsables et ses recrus kurdes, s’évertue à présenter une image trompeuse de “paix et de coexistence” dans la région. Récemment, l’organisation d’un marathon sportif a été promue comme illustration de cette prétendue paix, en contradiction flagrante avec les centaines de rapports publiés par des organisations locales et internationales, ainsi que par le rapport 2023 du Département d’État américain sur les droits humains, qui dénonce la situation déplorable qui prévaut à Afrine.
Vous trouverez ci-dessous des faits sur la situation actuelle:
= Mort d’un civil kurde dans la prison d’Al-Ra’i:
Il y a une semaine, les autorités d’occupation turques ont informé ses proches du côté maternel du village de « Gazaeh » – Afrine du décès du citoyen kurde « Janguine Osman Na’ssan, âgé de 36 ans », du village de « Routa » – district de Mabata/Ma’batli, et de recevoir son corps d’un hôpital de la ville d’Al-Ra’i, mais personne n’a osé annoncer sa parenté et se préparer à recevoir le corps, car la famille de la victime résidait dans la ville d’Afrine pendant des décennies et n’avait plus aucun parent de son village d’origine, ainsi que tous ses membres (parents Osman Majid Na’ssan âgé de 65 ans et sa femme Zainab A’bdo âgée de 60 ans, les enfants : Janguine et sa femme Zalikha, Chiyar âgé de 30 ans) – sa femme était absente, Mu’hammad âgé de 28 ans et son épouse (Jaylane Samir Jamal H’amalo âgée de 26 ans – avec eux deux enfants) ont été arrêtés le 06/07/2020 à leur domicile à Achrafieh Jusqu’à présent, sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces, ils ont été victimes de disparitions forcées et, à cette époque, les milices du « Front Levan » se sont emparées de leurs maisons et ont volé tout leur contenu, y compris les meubles, les outils et l’équipement.
Juillet 2021, la vieille femme Zainab A’bdou a été libérée de la section des femmes de la prison de Marateh-Afrine, en raison d’une maladie incurable qui la frappait. Elle s’est retrouvée sans abri et a connu un destin tragique, puisqu’elle est décédée dans un incendie le 23 décembre 2021 dans une vieille maison du village de Routa, où elle était seule.
Zalikha Walid ‘Omar, âgée de 30 ans, épouse de Janguine, souffrait d’épilepsie avant son arrestation. Son état de santé s’est détérioré en prison en raison de la torture et des conditions de détention difficiles. Elle a été libérée mi-août 2021 après avoir perdu la raison, se retrouvant sans abri, sans soutien et dans un état pitoyable.
Le sort du reste de la famille (Osman, Chiyar, Mu’hammad, Jaylane, deux enfants) est toujours inconnu. Janguine, qui ne souffrait d’aucune maladie avant son arrestation, est décédé des suites de la torture et des conditions de détention difficiles dans la prison de Ra’i, tristement célèbre et gérée par les services de renseignement turcs et les milices de la “Brigade Sultan Murad”. Son corps a été enterré le 23 avril 2024 dans la ville de Al-Ra’i par les forces de sécurité.
= Agression contre un civil kurde:
Le 24 avril 2024, un citoyen kurde nommé A’hmad Rachid Bakr, âgé de 49 ans, originaire du village de A’tmana, résidant dans la ville de Rajo et travaillant dans le commerce d’huile, a été victime d’une agression violente par des dizaines d’individus (recrus et civils) originaires de la ville de A’dra – de la Région Damas et affiliés aux milices de Jaych « Armés » al-Islam. L’agression a débuté par la collision intentionnelle de sa camionnette pick-up par une motocyclette à grande vitesse, alors qu’il circulait dans l’une des rues de Rajo. Une foule, alertée par WhatsApp, s’est ensuite rassemblée et l’a violemment battu. Bakr a été contraint de fuir en voiture vers le siège des milices Ah’rar al-Charqiyah situé à proximité pour se réfugier. Pendant des heures, les agresseurs ont proféré des insultes et des menaces devant le siège, telles que “Les Kurdes sont des porcs, des infidèles, Afrine est à nous au lieu de la Ghouta”, avant de se disperser. Bakr a été libéré sans qu’aucun des agresseurs ne soit arrêté ou qu’une enquête ne soit menée.
= Village de peuplement “Fatima Al-Zahraa”:
Le 25 avril 2024, le village de peuplement modèle “Fatima Al-Zahra” a été inauguré par le chékh H’ammoud H’amada Al Chékh Ibn H’amdou, mufti de Jenderes et responsable du bureau religieux des milices “Faylaq al-Cham – Frères musulmans”. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence d’un représentant de l’Agence turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD), qui a réalisé le projet grâce au financement des organisations koweïtiennes “Groupe de la Fraternité” et “Association Humanitaire La Fraternité “, avec l’aide du “Conseil local de Jenderes”.
Le village se compose de six unités résidentielles, comprenant 36 appartements, avec une mosquée, des jardins et des infrastructures. Il a été construit sur une terre agricole à proximité du croisement de Wadi Khanzir et de la route Jenderes-H’ajilar, et appartient à “Mah’moud Abu Dan”.
Selon le discours du mufti lors de l’inauguration, l’association “Association Humanitaire La Fraternité ” a construit cinq mosquées à Jenderes.
= Arrestations arbitraires:
Les autorités d’occupation ont arrêté:
– Début avril 2024, le citoyen Moh’ammad H’usséne H’usséne, âgé de 35 ans, originaire du village de ‘Amara, pendant plusieurs jours par les services de renseignement turcs et les milices de la “police militaire de Rajo”. Il a été accusé d’avoir des liens avec l’ancienne administration autonome après son arrivée au village de lieu de son déplacement forcé – (Alep). Il a été libéré après avoir été condamné à une amende.
– Le 3 avril 2024, le citoyen H’amo Sala’h Zéno, âgé de 24 ans, connu sous le nom de “H’ajji”, originaire du village de Darguireh – district de Mabata / Ma’abatli, par les milices de la “police militaire” au centre d’Afrine lors de sa deuxième visite à son père détenu depuis début décembre 2023. Il a été accusé d’avoir des liens avec l’ancienne administration autonome et est toujours en détention arbitraire.
= Extorsions de “Moh’ammad al-Jassem Abu A’mcha”:
Au cours des deux derniers mois, “Moh’ammad al-Jassem Abu A’mcha“, chef des milices de la “Brigade Sultan Suléman Chah”, a augmenté le montant des extorsions imposées aux citoyens kurdes qui retournent dans leurs villages. Par exemple, il a exigé 3 000 dollars américains au citoyen “Fakhri Ah’mad Mosko”, qui a été déporté de force de Turquie vers le village de “Tchaqala haute” – district de Chieh / Chékh al-H’adid en échange de la réception de sa maison et de la vie dans le village. Il exige également une somme importante d’argent au citoyen “Mustafa H’usséne” qui est retourné d’Alep à la ville de Chieh. De plus, il a informé les chefs de certains villages sous son contrôle qu’il imposerait 6 000 dollars à chaque famille de retour au lieu de 1 500 dollars qui était imposé avant l’A’ïd al-Fitr « fête de Ramadan ».
= Vol d’équipements d’eau et pénurie d’eau à “Maydankeh”:
Récemment, des voleurs armés ont volé des équipements de la station d’eau potable située près de la station-service “I’chah” – entrée est de la ville d’Afrine, notamment des batteries, des câbles et autres, ainsi que le transformateur électrique de la pompe à eau du village de Teurndeh – au sud de la ville.
D’autres hommes armés ont coupé la porte en fer de la salle d’injection du barrage de Meydankeh et l’ont ouverte, avant de voler des câbles en cuivre d’une longueur de 800 mètres, une pompe submersible, des batteries et des équipements d’éclairage. La salle a été mise hors service sans qu’aucune enquête ne soit menée par les services de sécurité.
Il est à noter que malgré les bonnes pluies des derniers mois, le barrage de Maydankeh ne s’est pas rempli comme il se doit, en raison de la retenue d’eau dans de nombreux barrages construits par la Turquie sur les affluents du fleuve Afrine qui ont de grandes capacités de stockage. De plus, une partie de l’eau du fleuve-barrage s’écoule vers le barrage de Reyh’aniyah du côté turc – à l’ouest d’Afrine. Un coordinateur turc gère le barrage de Maydankeh et a le pouvoir de contrôler son débit.
= Chaos et désorder:
Dans un climat d’insécurité, de prolifération des milices dans les zones peuplées, de chaos dans le port d’armes et de leur utilisation par la plupart des nouveaux arrivants dans la région:
– Le 13 avril 2024, à la suite d’une bagarre entre deux groupes de nouveaux arrivants, l’un de la région de Dér-Al-Zor et l’autre de la région occidental d’Alep, au centre du village d'”A’rabah/A’rab Ochaghi” – district de Mabata/Ma’abatli contrôlé par les milices de la “Brigade du Sultan Moh’ammad al-Fatéh’”, le mineur “Mustafa al-A’li bin Muh’ammad, âgé de 13 ans, originaire de la ville d'”Albukamal”, a été blessé par une balle dans la tête et est décédé sur place. Une tension a régné dans le village et les civils sont restés chez eux pendant une journée entière.
– Le 14 avril 2024, à la suite d’une bagarre et de tirs entre deux groupes de nouveaux arrivants dans la ville d’Afrine, après un accident de la circulation, deux personnes ont été blessées de manière variable.
– Il y a deux semaines, le corps d’un jeune homme a été retrouvé dans une décharge à Wadi « Valée » Tira à l’ouest de la ville de Maydankeh. Une déclaration attribuée au “Conseil supérieur de la tribu al-Lahhib” en date du 18 avril 2024 et publiée sur des chaînes d’information locales accuse les milices de la “Brigade des Faucons du Nord” dirigée par “H’assan Khayriyeh” d’avoir tué “Yeh’yah Ni’mah Al H’ajii », l’un des fils de la tribu des nouveaux arrivants, et les qualifie de gang, sans préciser les motifs du meurtre. Selon une source locale, le défunt était un membre des rangs des “Faucons du Nord” eux-mêmes.
– Le 24 avril 2024, un jeune homme originaire de la ville d’Al-Safirah – région d’Alep Est a été blessé par balle dans la ville d’Afrine, à la suite d’une bagarre avec l’un de ses proches au sujet d’une portion d’aide alimentaire.
– Le 24 avril 2024, le barrage armé des milices de la “police militaire d’Afrine” au carrefour du village de “Kafarjaneh” – district de Chara/Charan a battu un passant originaire de la ville de “H’ayane” – Région d’Alep Nord, et a tiré directement sur deux autres jeunes hommes de la même ville, qui ne se sont pas arrêtés au barrage. Selon des chaînes d’information locales, l’un d’eux, nommé “A’bdel Basset H’ayani”, est décédé dans la soirée.
= Le chemin du profit:
Depuis 2016 et que la Turquie a pris le contrôle des milices syriennes regroupées au sein de ce qu’on appelle “l’armée nationale syrienne”, et leur avoir appris le chemin du profit à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie, en les utilisant dans des opérations militaires contre les Kurdes, en Libye et en Azerbaïdjan, la Turquie a envoyé au cours des derniers mois des groupes de ses membres en tant que mercenaires en Afrique contre un salaire mensuel de 1 à 2 000 dollars américains par membre. Sous la supervision du renseignement turc, le recrutement d’une nouvelle vague a été ouvert depuis le 14 avril 2024 au siège des milices de la “Brigade du Sultan Murad” – anciennement “la douane” dans la ville d’Afrine, devant les combattants pour les envoyer au Niger.
= Autres violations:
Récemment, O’mar Sabooh’ (Abu A’laa), membre des milices de la “Brigade al-H’amzats”, a ordonné au chef du village, Abu al-Khair, et aux habitants du village de “Ma’arat H’arma” – district de Kafar Neubol/Ma’arat al-Nu’man, de prélever une taxe de 1 000 livres turques sur chaque famille kurde (environ 40 familles) du village d’Utmana – district de Rajo, à l’exception d’environ 90 familles de nouveaux arrivants, sous prétexte de rénover la route goudronnée entre le village et la ville de Rajo. Après avoir appris que le conseil local, en collaboration avec une organisation caritative, allait entreprendre des travaux de réparation de la route, ils ont profité de cette occasion.
La Turquie, en tant que puissance occupante avec ses services de renseignement et ses institutions qui gèrent les affaires de la région d’Afrine, et en partenariat avec la coalition syrienne des Frères musulmans et son gouvernement provisoire, porte la responsabilité des agressions contre les civils kurdes sur une base raciale et religieuse extrémiste.
Le 27.04.2024
Bureau des médias – Afrine
Parti de l’Union Démocratique Kurde en Syrie (Yekîtî)
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Les photos:
– Le défunt “Janguine Osman Na’ssan” et son enterrement dans la ville de Al-Ra’i.
– Les détenus “Osman Majid Na’ssan, Chiyar Osman Na’ssan, Muh’ammad Osman Na’ssan, Jaylane Samir Jamal (avec ses deux enfants)” disparus de force depuis le 7 juin 2020.
– La victime d’agression “Ah’mad Rachid Bakr”.
– Le village modèle de peuplement “Fatimah al-Zahraa”.
– Les nommés “Omar Sabooh – Abu A’laa” et “Abu al-Khair” des milices de la “Brigade al-H’amzats”.
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* Traduit de l’arabe par l’Organisation européenne du Parti de l’unité démocratique kurde en Syrie (Yekiti)
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